Madame Goumaz présente la "Tenâblya statutéra, 14 d’avrî 2007"Elle lit aussi son magnifique compte rendu de la sortie de l'association, autrement dit de la "Salyâte 2007"
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Je ne sais pourquoi, je ne m'attendais qu'à une assemblée d'une dizaine de personne, mais non, il y avait gaillardement une trentaine de présents.
"Le président nous a demandé à chacun de préparer une production", me dit Nicole, "et je suis un peu inquiète car je n'ai pas eu beaucoup de temps pour préparer ma lecture. Tu vois, il faut quand même pouvoir lire sans trop garder les yeux rivés sur le texte…". Je m'assieds près des deux nouveaux venus à l'amicale, Henri et Marlène Nigeler. Elle est instrumentiste (piano, orgue et vielle), il est spécialiste du provençal, et cela fait maintenant bientôt une année qu'ils suivent des cours privés avec Monsieur Pierre Guex, à raison d'une fois chaque deux semaines. Le président, Jean-Louis Chaubert, un fringant septantenaire, passe un certain temps à excuser les absents et fait même part du décès d'un membre. La présence ou l'absence des membres est visiblement importante. On dirait une grande famille qui se préoccuppe réellement de chacun. Se connaissent-ils si bien, chacun et chacune?! Sur ce, nous chantons tous la "Tsanson dè veneindze" (de Louis Favrat), qui a été distribuée à chacun en début de séance. Le président passe la parole à Marie-Louise Goumaz qui dresse tout d'abord le PV de la dernière séance en patois. Ensuite, elle relate dans un texte savoureux de précision lexicale et d'observations la dernière sortie de l'association à Besançon en début juillet 2007. Elle est chaudement applaudie par toute l'assemblée. Son expertise créative en patois fait honneur à cette association, et les membres n'hésitent pas à lui témoigner leur estime et leur admiration. Les chants ont suivi, par deux groupes de trois, pour ne pas lasser l'assemblée. Un chant en patois “Fâ tant bon martsî dein la pé dâi boû” ("Il fait bon marcher dans la paix des bois" ) nous berce finalement les oreilles. Le groupe a du tonus et plein de bonne volonté. Du Jacques Dalcroze, Jean-Jacques Rousseau, Carlo Boller, Francis Volery, Robert Mermoud et un italien Giuseppe de Marzi au programme. "Lè Sansounet" ont su nous faire nous balancer sur nos chaises, surtout avec le premier chant, "Chante-nous Roméo", de F. Vollery, paroles Bernard Ducarroz.Monsieur Fanfouet Lambelet nous conte ensuite "Lo renâ et l’ètiyâiru", l'histoire de l'écureuil et du renard, avec son accent qui fleure la robustesse et la saveur du terroir. Monsieur Pierre Guex le suit avec … et laisse un peu transparaître son souci de communiquer quand il demande: "Vous avez bien compris", en bon "régent" qu'il est. C'est au tour de "Nicole Margot" qui fait bien rire l'assemblée avec son histoire sur les "rateliers" (les dentiers") faits aux Etats-Unis. Monsieur Pierre Devaux, le "grand barbu", comme l'a appelé Madame Goumaz dans "L'Ami du patois" no 137, amène ensuite l'assemblée au bord de l'apoplexie. Il présente sa "lettre à mon amoureuse" où il énumère toutes les excuses possibles et imaginables pour refuser les avances d'un partenaire. De ces excuse, il en a trouvé pour les 326 jours où le couple imaginaire n'a pas convolé. Quel sacripan! Et même quand l' "affaire" s'est déroulée, Madame n'était pas toujours " à son affaire": détails succulents, imagination truculente. Monsieur Fanfouet Lambelet remet la compresse avec une longue et savoureurse poésie en patois – quelle mémoire! Madame Félice Troillet lit ensuite un article sur les droits de la femme, paru en 1920 dans un journal qu'elle conserve précieusement. Finalement, c'est Madame Marie-Louise Goumaz et M Pierre Devaux qui closent les festivités avec un dialogue impromptu, entre autres sur la préparation de la "chenique" (l'eau-de-vie de poire), sur la confection de l'eau-de-vie de gentiane, et finalement sur le déménagement de Mme Goumaz à Chexbres. Tout du long, et dès les premières productions, les deux tables près de la porte étaient garnies de bouteille de vin blanc. Les lurons de ces tables n'avaient pas loupé le coche. A ma table, toute l'équipe de l'avant avait sorti ses partitions; c'est sans doute le souci d'être prêt à monter sur scène qui leur avait fait oublier la "dive bouteille". Détail vite oublié avec force bouteilles de rouge. Le Valaisan que je suis a aussi payé sa tournée, avec du "fendant de St Léonard" amené tout exprès. Monsieur Guex, qui préfère le blanc, et les Nigeller également, ont apprécié. "C'est bon aussi, quand il est un peu plus fruité, le Chasselas", m'a soufflé Madame Nigeler. Après toutes ces productions, à ma tabe on y allait de blagues sur Ouin-Ouin. Ensuite, Madame Nigeler m'a expliqué son enthousiasme à s'être mise à apprendre le patois, à écrire des poèmes en patois, et depuis peu de s'être mise à produire des œuvres musicales en patois. Son mari m'a expliqué la différence entre provençal (dialecte de la Provence) et l'occitan (en résumé: C'est l'ancienne langue des troubadours revisitée par des intellectuels et que certains ont tenté d'imposer artificiellement dans tout le sud de la France) . Il m'a parlé des échanges entre Mistral (écrivain provençal) et le conteur Vaudois. Ce livre a maintenant été traduit en patois Vaudois et doit être édité tout soudain. Monsieur Guex m'a fait l'honneur de venir chercher à me parler. Nous avons brièvement parlé des différent dialectes Valaisans pas tous faciles à comprendre pour les Vaudois. Finalement, tout le monde s'est chaleureusement salué et a retrouvé ses pénates. J'ai été surpris de la vitalité de tous ces patoisants. Bienque beaucoup d'entre eux aient passé nonante ans, leur vivacité fait plaisir à voir. Tout ce patrimoine dont les jeunes vaudois n'ont même pas idée. Pourquoi les enfants, les petits enfants de ces hommes et femmes ne sont pas plus présents dans l'assemblée? Ne sont-ils pas intéressés? N'ont-ils en principe pas le droit de simplement assister à ces réunions? En tous les cas, les "jeunes" pourront théoriquement continuer à pouvoir y assister car les assemblées générales continueront à avoir lieu le samedi, jour de congé pour les "personnes actives" également 4. Le renâ et l’étiairû de Jules Cordey
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Amicale des patoisants de Savigny-ForîDocuments audiovisuels
Mars 2013
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